Les échancrures de lumière
Recueil de poèmes
écrits en 1989
inédit
Présentation
L’homme déchiré entre ses pulsions et ses aspirations, animal et amiral, mais sans gouvernail, ballotté dans la vie de la naissance à la mort.
Inconfortable
La poésie est peut-être un chemin, pour noyer l’ombre dans le noir et accepter, sans haine et sans chagrin que notre vie ne soit rien, que le temps d’un soupir.
Là, j’ai plongé dans la poésie libre. Plus de rimes, mais toujours un rythme, une musique, un balancement. La danse des mots.
Extrait
L’homme
petite puce de lumière
prise dans l’ambre de la vie
libre dans l’antre de la Terre
l’homme étoilé dans la mer floue
qui vogue en lui et au-delà
point de cristal sur mer de boue
voyageur fou sans gouvernail
égaré entre deux néants
l’homme amiral, l’homme animal
éclat de Dieu qui se déchire
en bulles de mercure tremblant
envolé ci, enfoncé là
l’homme, respir de l’au-delà
fiché clou d’or en la matière
éclat de l’Autre qui chavire
et qui s’en vogue à la dérive
fétu de paille mal doré
pavé de miel mal encorné
cor de la chasse à courre sans fin
corps de la basse amour sans faim
l’homme ne connaît pas de frein
et il chevauche la lumière
crête d’argent des sommets blancs
pour mieux plonger dans l’amer noir
empêtré d’algues de satin
de sang collant coagulant
roulant sans fin dans l’océan
et de toile en pétrin s’enfonce
dans le tourbillon de la vie
sous l’œil cyclope de la mort
aveuglé par un clou de boue
fiché mourant dans la lumière
l’homme ne croit que ce qu’il voit
l’homme ne voit que ce qu’il croit
Ce pain de jade et de lumière
à l’ombre des jardins secrets
cuisait mon pain de poésie
ce pain de jade et de lumière
qui croustillait en ma mémoire
comme un futur ensoleillé
que je rêvais rempli de miel
et de douceur emmitonné
sans l’ombre même de la peur
car la lumière de l’espoir
avalera tous mes chagrins
et s’en éclairera si bien
qu’elle noiera l’ombre dans le noir
Parle donc, mon moulin
parle donc, mon moulin
et raconte à la lune
comment on fit le pain
avec un petit grain
tout doré et tout rond
qui devint un épi
qui devint la moisson
qui devint fleur de lune
et de soie dans le vent
coupé l’épi doré
tondu le champ tout blond
et la terre rasée
ne vous tient pas rancune
et les épis fauchés
vous ont donné leurs grains
sans haine et sans chagrin
pour en faire du pain
Une vie
une larme de sang, une larme de pluie
et voilà un enfant qui s'éveille à la vie
une larme de temps, une larme de suie
et voilà notre enfant qui s'endort au couchant
entre les deux
rien
une vie
le temps d'un soupir