Poésie paradoxale
Recueil de poèmes
écrits en 1988
inédit
Présentation
Jouer avec les lettres, avec les sons, avec les sens et l’essence des mots, quelle jouissance et quel voyage ! Envolons-nous !
Pour la première fois, dans ce recueil, je romps avec les rimes, je joue sur les mots, un peu de fantaisie, mais souvent encore dans un cadre précis.
Des textes très variés, sans aucun fil rouge, assemblés comme ils sont venus, sans sélection ni classement. Le simple plaisir d’écrire.
Extrait
Du vol à l’île (1988)
Quoi de plus exaltant qu’un oiseau qui s’envole
Évoluant dans l’air solitaire et glacé
Faisant monter la vie jusqu’au désert limpide
Où vivait seulement la lumière compassée
Mais quand un homme vole, quoi de plus vil hélas
Il devient un voleur, un vilain, un volage
Lui n’a pu s’élever seul au-dessus de l’eau
Voler vers le soleil et fendre les nuages
L’O a quitté le vol qui, sans lui, devient vil
L’eau a quitté le sol qui, sans elle, devient roc
Et sans ailes, qui peut prétendre s’envoler ?
Vil hélas encore plus cet ignoble viol
Que, seul des animaux, l’homme porte en fleuron
Quand il vole et viole, avilit, violent
Si triste au masculin, la viole est exquise
Et les mélodies volent joliment dans la brise
Changez l’ordre des lettres et voilà la grand voile
Qui emmène vos rêves au-delà des étoiles
Voilà le voile enfin levé sur les mystères
Ou cachant au contraire jusqu’à l’ombre des chairs
Changez l’ordre à nouveau et voici une olive
S’arrachant de la terre en fruit plein de soleil
Et si l’I prend des ailes, il vous reste l’amour
Love amour qui se love et devient un vélo
S’il prend un accent et le met sur son « nez »
Et si l’OV prend des ailes, il vous reste cette île
Ce refuge secret où chacun peut rêver
En toute poésie, en toute liberté
Voyou, voyelle (1988)
Je donne des ailes à la prune
Voilà qu’elle devient prunelle
Et son regard étincelle
Je donne des ailes à la nasse
Voilà qu’elle devient nacelle
Et s’envole dans le ciel
Et j’en donne au passereau
Pour qu’il devienne passerelle
Et j’en donne à l’ombre aussi
pour qu’elle devienne une ombrelle
Et puis j’en donne à la puce
Et la revoilà pucelle
Mais si j’en donne au voyou
Sera-t-il un jour voyelle ?
L’araignée (1988)
L’araignée a régné sur un peuple d’insectes
Et mouchettes éphémères aux ailes irisées
Balançant dans sa toile, l’intrépide architecte
Attendait au milieu des perles de rosée
L’araignée a tissé son palais de dentelle
En habite le centre et surveille alentour
Attendant patiemment la jolie coccinelle
La fourmi affairée qui lui feront la cour
L’araignée a régné en tyran jouvencelle
Mangeant ses courtisans quand sonnait l’heure du thé
L’araignée a régné en tirant les ficelles
De fugaces bestioles qui l’ont bien regretté
La voilà souveraine au pays des cadavres
Avec sa jolie croix lui pesant sur le dos
Digérant sans remords dans le cœur de son havre
Elle aimait ses amants et leur sert de tombeau
Un oiseau est passé, brisant la jolie toile
Et voilà les lambeaux éclatés dans la brise
Et la pauvre araignée en tombant de l’étoile
Se retrouva dans l’herbe effarée de surprise
Plume au vent (1988)
plume volage
voiles au vent
sur le rivage
rêve un enfant
perle corail
et cristal blanc
vague d’émail
écume au flanc
un reflet danse
dans le soleil
la mer immense
s’en émerveille
vers les flots d’or
la vague molle
roule son corps
pêche l’azur
creux des écueils
perle l’azur
et je le cueille