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Larmes de feu

Recueil de poèmes

écrits en 1987

inédit

Présentation

Tout peut, tout doit être dit en poésie, l’émerveillement comme la souffrance, la révolte, la colère. Quelques bribes de ces émotions qui m’ont traversée… et qui ont explosé. Libérateur.

L’orage… L’apaisement… La vie !
Des rimes toujours, fantaisistes. Du « mauvais classique » !

Extrait

Ma pauvre vie (été 87)

Toutes ces heures de repas
Qui tombent sur ma pauvre vie
Comme autant de coups de hachoir
Ne m’en laissant que des brindilles
Que je grignote comme un rat

Tous ces monceaux de linge sale
Qui émaillent ma pauvre vie
Comme autant de fantômes épars
Réclamant leur part de survie
Et que je vois jaillir des malles

Et toutes ces poussières rebelles
Qui encombrent ma pauvre vie
Comme autant d’ennemis blafards
Qui me font croire à la folie
De ce travail sempiternel

Et toutes ces heures qui filent
En dévorant ma pauvre vie
Comme autant de bouffeurs d’espoir
Et ce Destin qui joue aux billes
Avec ma vie qui se défile

Ma colère (été 87)

Oui ma colère est un beau fruit
Et s'il me brûle je l'avoue
Il me fait tant de bien aussi
C'est une lave en moi qui bout
Un terrifiant feu d'artifice
Qui fuse en moi comme un éclair
Et où palpite une Artémis
Qui chasserait Dieu en enfer

Oui ma colère est un oiseau
Un gigantesque oiseau qui hurle
Et précipite dans les flots
La lave qui éclate en bulles
Il me délivre des tensions
De tout ce magma qui m'étouffe
De la fougue et de la passion
Tant pis si c'est l'opéra bouffe

Oui ma colère me met en feu
Mais ce volcan qui vous étonne
Ce n'est rien qu'un tout petit peu
De cette force qui bouillonne
Je vis bien sûr ma propre vie
Mais tant de choses aussi dans l'ombre
Alors ne soyez pas surpris
Que la colère soit du nombre

Oui ma colère est un moteur
La grande force de ma vie
Et même si vieux radoteur
On dit que c'est une folie
Elle vous donne une énergie
À vous faire renverser le monde
Et il faut croire à la folie
Et il faut faire tourner la fronde

Qui sème (été 87)

Qui sème le vent récolte la tempête
Qui sème un cœur récolte un autre cœur
Qui sème un chant récoltera des fêtes
Et qui sème une graine récoltera des fleurs

On bâtit l’avenir sur le sable passé
Mais la mer va venir, tout peut recommencer

Qui sème un grain récolte une moisson
Qui sème un rêve récoltera la lune
Qui sème un plan récolte une maison
Et qui sème son franc récolte la fortune

Voilà le sable lisse, la mer a effacé
Les traces du passé, tout peut recommencer

Qui sème le soir récolte le matin
Qui sème le blanc récolte l’arc-en-ciel
Qui sème l’espoir récolte du certain
Et qui sème le noir récolte un noir tunnel

La mer a effacé les traces du passé
Le sable est vierge encore, tout peut recommencer

La mer est triste et belle (été 87)

La mer est triste et belle dans l'infini brumeux
Le ciel éclaire l'eau d'un joli gris laiteux
L'or blanc d'un soleil pâle traverse l'opaline
D'une brume en nuage et la brise est saline

Les mouettes là-haut me lancent leur cri aigre
Et la dune hérissée de quelques herbes maigres
Se pare de mouvances ondulant dans le vent
Et la plage est déserte et semble hors du temps

Qui suis-je sur ce sable marchant au bord de l'eau
Suis-je fille d'un nuage ou bien suis-je un écho
Fille d'un passé lointain fantôme évanescent
Fille d'un autre univers ou simplement du vent

Femme… (été 87)

Femme objet de délices
Fleur d'amour et caprice
Rêve écrit dans le feu
Sous la plume d’un Dieu

Son reflet dans la brume
Illumine et parfume
La vie des pauvres hommes
Qui ont croqué la pomme

Sorcière qui vous mord
Vipère et diable au corps
Mais fée divine aussi
Seule porte de la vie

Qui a voulu souffler la vie
Dans ce cocon de perfidie ?!