Ermeline ou l’éthique érotique
Nouvelle érotique écrite en 2011
Publiée dans le recueil Mes plus belles nouvelles érotiques en auto-édition (2012)
La sixième et dernière nouvelle mettant en scène Arielle et Magali
Elle a des idées particulières, Ermeline, sur le rapport des corps de l’un à l’autre, de l’une à l’autre, et entend mettre ses théories en pratique en emmenant les deux amies sur une plage naturiste. C’est tout nouveau pour les jeunes filles, et elles s’engagent sur la pointe des pieds.
Présentation
Les deux filles découvrent les bonheurs et les affres de la plage du tout par-dessus les moulins ! Les hauts et les bas de ces émotions et sensations. Mais quand l’une d’elles disparaît, le ton change brusquement.
Extrait
- Qu’est-ce qu’il est beau, ton chien !
Ça, pour être beau, il est beau. Mais qu’est-ce qu’il est grand surtout ! Avec ou sans tonneau, un Saint-Bernard, ce n’est pas de la petite bière et Arielle commence à regretter sérieusement d’avoir proposé à sa marraine de promener son chien. C’est qu’il tire comme un âne !
Elle a fait appel à Magali, pensant que ce serait plus amusant de se balader à deux. Et heureusement qu’elle est là pour prendre le relais, Magali ! La marraine affirme qu’elle n’a aucun mal à se faire obéir mais, comme un cheval qui sent le cavalier inexpérimenté, le chien profite de l’aventure pour batifoler à gauche et à droite et renifler tout ce qui passe à sa portée - ou hors de sa portée - donnant de brusques coups d’accélérateur, qui déstabilisent la fille qu’il promène au bout de sa laisse…
Et cette femme qui insiste :
- Comment s’appelle-t-il ?
- Routoutou !
- On se connaît, non ?
Arielle considère la femme assise sur le banc. Effectivement, cette tignasse blondasse lui dit quelque chose, mais elle n’a pas la tête aux devinettes en ce moment. Elle balade un chien mammouth et c’est lui qui décide du temps à accorder à la conversation.
- J’habite votre immeuble ! Au 13ème . En façade.
- Excusez-moi, on ne peut pas connaître tout le monde…
- Oh, il y a des têtes qu’on n’oublie pas ! Je vous ai repérée ! Vous êtes si jolie !
- Ma parole, elle te fait du gringue, marmonne Magali.
Trop contente de voir Routoutou marquer un arrêt pipi derrière le banc, s’asseoir puis s’allonger lourdement dans la poussière, Arielle profite de la pause pour s’asseoir un instant, le temps que lui accordera le chien. Magali ne peut que suivre le mouvement et s’assied aussi, mais reste à guigner la flatteuse d’un œil méfiant.
- On peut le caresser, il n’est pas méchant ? minaude la femme en se penchant.
- C’est une crème, allez-y !
- Mmmh, quelle bonne tête, fait la femme en lui tripatouillant le crâne du bout des ongles peints - en violet, s’il vous plaît.
Et elle poursuit :
- Il y a longtemps que vous l’avez ? Je ne l’ai jamais vu.
- C’est le chien de ma marraine.
- Comme c’est gentil à vous de vous occuper de son chien ! Moi, je suis plutôt chat. Mais j’aime bien les chiens… chez les autres.
- Moi aussi, j’ai un chat. Une chatte noire.
- Oh, une chatte noire, comme moi, quelle coïncidence… Comment s’appelle-t-elle ?
- Mirliflore. C’est un nom idiot. C’est mon père qui a choisi…
- La mienne, c’est Caprice. Jamais vu un animal aussi fantasque. Dites, vous ne trouvez pas qu’il est plus facile de dire qu’on a un chat noir que de dire qu’on a une chatte noire ? Ça prête à confusion… !
Riant de sa gaillardise, elle reprend son sérieux pour préciser d’un air espiègle, en plissant ses yeux bleus :
- Quoique pour vous, blonde comme vous l’êtes, on ne peut qu’imaginer… que vous l’êtes partout !
La conversation prend un tour franchement canaille et les yeux de Magali virent du châtaigne au noir cramé. Qu’est-ce que c’est que ces considérations sur l’intimité des gens ?
Voyant que sa plaisanterie ne fait rire qu’elle, la femme s’excuse :
- Ça vous choque ? Faut pas vous formaliser, moi, je suis nature. Je suis même naturiste ! Vous savez ce que ça veut dire ?
Magali hausse les épaules, se penche en avant, les coudes sur les genoux, mains pendant à l’intérieur, dans une posture très masculine, et se perd dans la contemplation de ses chaussures. Arielle au contraire, s’étire en arrière, laissant tomber derrière le banc la cascade de ses cheveux. Savourer l’instant présent … tout le secret du bonheur. Les yeux fermés, la gorge offerte, elle se déchausse de ses élégantes sandales à fleurs de cuir et va patauger des orteils sur le dos chaud du chien, qui ne rechigne pas à la caresse.