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Drame au château des dames

Nouvelle écrite en 2005

Publiée dans le recueil des lauréats de Tournai la Page (2005)

Publiée le recueil Les couleurs de la peur aux éditions M.E.O. (2021)

Nouvelle historique

Un jeu galant dans le jardin du château de Chenonceau à l’époque de la Reine Catherine. Un comte, pressé de prendre femme, s’est mis en tête de se trouver une épouse « qui ne soit point stupide ». Pour cela, il faudra qu’elle soit la première à sortir du labyrinthe.

Une paille dans le jeu : on y a glissé une souillon de la cuisine, qui ignore de quoi il s’agit.

Présentation

Prix de la Nouvelle Historique de Tournai la Page en 2005.

Pour être dans les conditions du concours, il fallait que l’anecdote racontée s’intègre à une vérité historique et rende l’ambiance du lieu et du moment. Il paraît que ma nouvelle correspondait parfaitement à ces critères.

Damoiselles en beaux atours et messieurs aux beaux discours dans les jardins du prestigieux château de Chenonceau, un labyrinthe dont seul le chef jardinier a la clé…

Un pari qui tourne mal. Suspense en falbalas et perruques poudrées.

Extrait

Les demoiselles, alertées par le vicomte, se montrèrent ravies et très coopérantes. On fit appel au chef jardinier, le seul qui connût les entrelacs du labyrinthe pour l’avoir entretenu depuis des années. Gloussant à qui mieux mieux, elles se laissèrent bander les yeux et mener par sa main rude l’une après l’autre au cœur du labyrinthe, près de la gloriette d’où l’on avait vue sur l’embrouillamini des allées sablées séparées par des ifs taillés comme au cordeau.

Le comte en mal de femme surveillait l’assemblée depuis sa gloriette. Laquelle de ces charmantes perruches serait l’élue ? Tout à coup, il tiqua. L’une d’elles faisait tache au milieu des toilettes empesées froufroutantes, des minauderies gracieuses de ces pucelles sautillantes. Immobile, silencieuse, serrée dans une robe étroite et terne, sans coiffure… Quelle farce le vicomte lui faisait-il là ?

Il s’en expliqua en riant quand il rejoignit son ami dans la gloriette. C’était une fille qui servait en cuisine. Il voulait voir ce que ferait une fille du peuple face aux dames du monde. Le comte haussa les épaules, mais le jeu n’en serait que plus piquant. Comme toutes ces dames avaient un bandeau sur les yeux, elles ne pouvaient s’offusquer d’être mises en compétition avec une fille de cuisine.

Le comte donna le signal du départ. Immédiatement, toutes les péronnelles pomponnées s’égaillèrent en tâtonnant des deux mains, se rencontrant, entravées dans leurs vastes atours. Leurs doigts couraient sur les parois des haies, qui les égratignaient, mais ne les renseignaient guère sur leur position. Tout cela dans un caquetage émoustillé de petits cris aigus. Une seule n’avait pas bougé. La fille du peuple.

Revue de presse

Se rapporter à la revue de presse du recueil Les couleurs de la peur.