Anémone

Nouvelle écrite en 1996
Inédite
Une enquête de l’inspecteur Toussaint
Une jeune morte gisant dans sa baignoire, le visage couvert d’un masque d’argile séché, une fleur de lotus flottant à l’aplomb du pubis. Détail affreux, on découvre sous le masque d’argile un visage mangé par l’acide. À quoi rime cette macabre mise en scène ?
Un meurtre atroce perpétré sans état d’âme.
Présentation
Le fait avait été signalé par un jeune ouvrier travaillant sur l’échafaudage d’un chantier voisin. Il la reluquait de loin tous les matins, quand elle se baignait. Voilà plusieurs jours qu’elle ne bougeait plus…
L’inspecteur va devoir remonter la filière, interroger Gavilla, le père de la fille, et toutes ses relations, pour comprendre qui a pu lui en vouloir au point de lui bousiller le visage. Aucun indice à trouver nulle part.
L’appartement d’Anémone était curieusement anonyme. Comme si on avait fait le ménage pour effacer la personnalité de l’occupante.
Extrait
- Elle jouait avec le cœur des gens, murmure soudain Gavilla en hochant la tête. C’était fatal, que ça finisse mal. C’était une femme, une vraie femme, mon Anémone. Dans tous les sens du terme.
- Vous l’admiriez ?
- D’une certaine manière, oui. Aussi indomptable que son chat. Au fait, qu’est-il devenu, son chat ? Elle était folle de ce sauvage. Son félin aux yeux pervers. Pensez, un chat de gouttière.
Un voyou, oui !
[...]
Aucun papier d’identité, aucun courrier, aucune photo, aucun bijou, aucune clé. Rien de personnel. Un logement anonyme. Un appartement prêt à porter, où n’importe quelle jeune fille moderne taille 38, pointure 37, aurait pu se glisser. Un appartement dont on a voulu effacer la vie de la victime.
Tout était sens dessus dessous. Sauf la salle de bains, impeccable - mis à part le cadavre. On a voulu faire croire à un cambriolage. Mais un cambrioleur qui se fait surprendre ne massacre pas avec autant de minutie le minois de celle qui le surprend. Et n’installe pas la femme qu’il a assassinée dans une position quasi rituelle après lui avoir effacé le visage et paré les cheveux. Une vengeance ? Un sacrifice. À qui ? À quoi ?
Quel est ce mystérieux meurtrier, qui assassine sauvagement, détruit le visage de sa victime et essuie l’eau répandue ?! Car à en juger par le nombre d’ecchymoses, la malheureuse s’est débattue avec l’énergie du désespoir. Pourtant, aucune trace d’eau sur les murs ou le sol émaillé. Par la moindre trace de gouttes. Un assassin soigneux, respectueux du sanctuaire. La porte était fermée de l’intérieur. L’assassin s’est enfui par la fenêtre et les échafaudages. Toussaint jette un coup d’oeil dehors. Dix étages. Faut pas avoir le vertige.
Il recommence à fouiller l’appartement dans les moindres détails. Jusqu’au vide-ordures. Ne rien négliger… C’est ainsi qu’il découvre, coincé à l’angle du conduit, un petit bout de papier journal. Une annonce concernant un chat perdu... Le verso est plus intéressant.