La villa des bronzes
Écrit en 1992
Publié dans le recueil Clair d’étoiles (mini-édition personnelle, épuisée) en 2011
Conte pour faire peur
Bien sûr qu’ils n’ont peur de rien, Pierre et Tom, surtout pas en plein soleil !
Mais un jour, ils découvrent une étrange maison, où la vie semble s’être arrêtée d’un seul coup, comme si les habitants avaient été cueillis dans une épuisette géante, laissant tout en plan derrière eux.
Un jardin sauvage, une piscine à nénuphars, au bord de laquelle règnent d’inquiétantes statues de bronze. Et cette immense statue noire dans la maison ? Et ce bijou que l’un des deux arrache à la statue ? Est-il vivant, ce scarabée ? C’est bien possible.
Conte plusieurs fois primé
Présentation
Deux gamins en vacances dans les landes tombent un jour sur une maison apparemment déserte… mais que les habitants semblent avoir quittée en catastrophe.
Maison déserte, et pourtant, une sensation de présence, qui leur fiche la trouille. Comme si des fantômes y flottaient.
Et dehors, ce n’est pas mieux, ce jardin touffu, cette piscine aux eaux troubles et ces statues qui les observent… Et la lumière qui baisse.
Pourtant, ils vont de l’avant, en bons aventuriers qu’ils sont !
Extrait
Il régnait dans ce lieu une atmosphère double de merveille et d'angoisse. Malgré leur malaise, les deux fanfarons s'approchèrent. À douze ans, la curiosité est plus forte que la peur. Et après tout, leur chien, Piloulou, ne donnait aucun signe d'inquiétude. Il frétillait de la queue en pénétrant dans la maison, dont la porte était ouverte, comme une invitation à entrer. Ils s'aventurèrent dans un vestibule magnifique, tout émeraude et or. Les murs dégageaient une luminosité tranquille. Le chien avait disparu, mais ils pouvaient suivre ses traces dans la poussière qui recouvrait le sol d'une fine pellicule de cristal, indiquant le chemin. Ils appelèrent. Leur voix ne fit que déranger le silence, qui se souleva en nuage léger et retomba.
Le malaise augmenta. La maison abandonnée semblait avoir capturé la vie des habitants disparus. On s'attendait à voir surgir quelqu'un au détour d'un rideau. La table mise, la nourriture figée sur les assiettes, des verres, un livre ouvert… Et la poussière… À croire que les habitants avaient été brutalement arrachés à leur quotidien par l'épuisette de quelque magicien géant. Qui vivait ici ? Pourquoi Pierre et Tom avaient-ils la désagréable impression d'être observés ? Il n'y avait personne, sinon Piloulou aurait donné l'alerte. Pourtant il devait y avoir quelqu'un. On le sentait. Quelqu'un qui vivait là sans toucher à rien, car la poussière était intacte. Quelqu'un qui n'aurait pas de corps… Le grand mot de fantôme fut lâché, mais sans vraiment faire peur. Au soleil, on se sent courageux. Au point d'aller explorer tous les recoins de la maison des grands frissons.